Et si on parlait des trajets en bus de nos jeunes enfants en primaire ?
Depuis plusieurs années, nous observons une hausse significative du nombre d’enfants en CP et CE1 empruntant seuls le bus pour se rendre à l’école. Or, les incidents signalés à l’administration scolaire et à l’association des parents d’élèves se multiplient, suscitant une inquiétude grandissante : et si un accident grave survenait ?
Nous partageons ci-dessous le témoignage de Madame Gagneur, directrice de l’école primaire, qui alerte sur les risques encourus par les plus jeunes.
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L’école primaire est située en bas du campus du Lycée international, tandis que la gare routière se trouve en haut du site. Le trajet entre les deux représente entre 5 et 10 minutes selon l’âge des élèves et le poids de leur cartable. Ce déplacement quotidien génère du stress chez les plus jeunes, qui craignent de rater leur bus de 16h15, ou arrivent régulièrement en retard le matin lorsque le bus passe trop tard à l’arrêt. Il est déjà arrivé qu’un élève, pressé de rejoindre sa classe, chute dans la descente et se blesse sérieusement.
Chaque année, je recommande vivement de ne pas faire emprunter le bus aux élèves avant le CE2. Ils sont encore trop jeunes pour gérer seuls ce déplacement pour plusieurs raisons. Il leur est difficile de repérer leur bus au milieu de la foule d’élèves, ce qui a entraîné des erreurs d’orientation : des élèves sont montés dans le mauvais bus, d’autres se sont trompés d’arrêt en rentrant chez eux.
Il est également arrivé que des enfants s’endorment dans le bus sans que le chauffeur ne s’en rende compte avant l’arrivée au garage. Certains élèves ont pu regarder des vidéos sur les téléphones d’élèves plus âgés ou circuler dans les allées du bus pendant le trajet. Le chauffeur ne peut évidemment pas assurer simultanément la conduite et la surveillance.
Confier la responsabilité d’un plus jeune frère ou sœur à un élève de CE2 ou CM1 ne constitue pas non plus une solution satisfaisante. Ces enfants sont eux-mêmes trop jeunes pour assumer ce rôle : il y a eu des situations où l’aîné était malade, distrait par ses amis, ou n’a pas vérifié que le plus jeune était bien monté ou descendu au bon arrêt.
Je suis bien consciente des difficultés d’organisation pour les familles, et les bus peuvent sembler répondre à certains besoins logistiques. Toutefois, je recommande de ne pas compromettre la sécurité et le bien-être des élèves au profit d’une solution plus pratique en apparence. Les risques évoqués montrent que ce mode de transport n’est pas adapté aux plus jeunes.
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Par ailleurs, des dysfonctionnements imprévisibles — comme l’absence de passage du bus due à une erreur de programmation ou d’affichage — plongent les enfants dans des situations délicates. Heureusement, des adultes bienveillants sont souvent là pour les aider. Mais le risque d’être approché par des personnes malintentionnées existe bel et bien.
Sur certaines lignes surchargées, les enfants doivent aussi rester debout pendant plus d’une demi-heure. Malgré nos demandes, nous n’avons pas obtenu de véhicule plus spacieux pour améliorer leurs conditions de trajet. Commencer la journée après un voyage épuisant, debout dans un bus bondé, n’est pas sans conséquence : la fatigue accumulée peut favoriser des accidents qui auraient pu être évités.
Nous comprenons parfaitement les défis logistiques et organisationnels auxquels les familles sont confrontées au quotidien. Pourtant, la sécurité de nos enfants doit rester notre priorité absolue. Un accident grave, même improbable, changerait tout — et les regrets ne suffiraient plus.
Nous vous invitons à réfléchir attentivement à cette question et restons à votre disposition pour en discuter. N’hésitez pas à nous contacter à l’adresse suivante : transports@apeli.org.